APRES CHARLIE ... DÉBATTRE !

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« La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou plusieurs élus puis à se désintéresser, s'abstenir, se taire pendant cinq ans. Elle est action continuelle du citoyen non seulement sur les affaires de l'Etat, mais sur celles de la région, de la commune, de la coopérative, de l'association, de la profession. Si cette présence vigilante ne se fait pas sentir, les gouvernements (quels que soient les principes dont ils se recommandent), les corps organisés, les fonctionnaires, les élus, en butte aux pressions de toute sorte de groupes, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent bientôt, soit aux tentations de l'arbitraire, soit à la routine et aux droits acquis ... La démocratie n'est efficace que si elle existe partout et en tout temps. »  Pierre MENDES-FRANCE

Travailleurs sociaux, éducateurs, formateurs, animateurs, élus associatifs, dans les secteurs de la prévention, de l’aide sociale, du handicap, de l’animation socio-éducative et culturelle… mais aussi acteurs-militants du champ associatif, de l’économie sociale et solidaire (ESS) et de l’éducation populaire, comme bien d’autres, nous nous sommes immédiatement sentis concernés par les attentats et crimes des 7,8 et 9 janvier 2015. Un mois s’est écoulé… après l’émotion et la ruée - quasi indécente - sur le Charlie du 14 janvier, que reste t il ? Nous craignions que le temps fasse son œuvre… et que les affaires courantes reprennent (presque) comme si rien ne s’était passé !

Il est temps de se demander pourquoi nous en sommes là (toujours là…) ? Cela passe par un examen critique tant des politiques que des pratiques professionnelles mises en œuvre depuis plusieurs décennies dans les domaines, qui nous concerne professionnellement, ceux de l’éducation, de l’école, de l’enfance et de la jeunesse, du médico-social,  du social, du logement, de la politique de la ville…

C’est à cet exercice de la critique, à cette manifestation de la « présence vigilante » et de la démocratie dont parle PMF, que nous convions celles et ceux ayant des responsabilités politiques (députés-es, sénateurs - trices, élus-es locaux) ainsi que celles et ceux qui ont à voir directement avec « l’humain » dans leurs pratiques professionnelles (enseignants, éducateurs, animateurs, professionnels de la santé, formateurs…).

Débattre parce que nous nous sentons interpellés, quand le premier ministre parle d’« un apartheid territorial, social, ethnique…qui « s’est imposé à nous ». Si le terme apartheid peut faire et fait controverse, le « s’est imposé à nous » est totalement passé sous silence…Quel est le sens de cette parole ? Traduit elle une impuissance ? Quelles sont ces forces qui se seraient imposées à nous ? Les politiques menées n’auraient donc pas été choisies ? Pour quels intérêts ?...

Politiques choisies ou imposées?...

 

Débattre car depuis le premier programme de politique de la ville (Habitat et Vie Sociale) de 1976 de nombreux rapports et de plans pour la ville pointent les risques de ghettoïsation de nos quartiers, les conditions inhumaines et dégradantes de l’habitat, le recul des services publics, sur ces territoires qui vivent aujourd’hui à l’écart du pacte républicain, la crise de l’emploi et de son pouvoir intégrateur dans ces zones où le chômage atteint 25 % (50% pour les jeunes) ! Politiques choisies ou imposées?...

Débattre parce que nous nous sentons sollicités quand l’école est convoquée pour former les citoyens, pour résoudre les problèmes posés par celles et ceux qui s’éloignent des règles républicaines…mais nous souhaitons aussi un examen critique des politiques scolaires qui se sont succédées depuis de nombreuses d’années. Quels résultats en termes d’égalité de réussite scolaire, de mixité sociale ? Pourquoi cette mise en concurrence des élèves et des établissements, cet accroissement des mécanismes ségrégatifs de construction de savoirs ? Politiques choisies ou imposées?...

Débattre pour comprendre pourquoi les orientations mises en œuvre dans le domaine social et médico-social depuis plusieurs années par les pouvoirs publics, elles mêmes inscrites dans la politique d’inspiration néolibérale de la révision générale des politiques publiques, se sont diffusées partout comme un venin mortel ? Politiques choisies ou imposées?...

Débattre pour appréhender pourquoi l’Education Populaire est aussi malmenée aujourd’hui par les pouvoirs publics et pourquoi ses acteurs, englués dans le consumérisme, le technique et la gestion, peinent à retrouver son sens premier d’émancipation politique et culturelle ? Politiques choisies ou imposées?...

 

Partisans « d’une action sociale inscrite dans une démarche de solidarité et de démocratie (…) permettre aux individus concernés de devenir acteur du changement de leurs conditions et de leur cadre  de vie (…) encore faut-il inventer, à la disposition de ces projets individuels et collectifs, des outils souples et pertinents, plus orientés à prendre en compte les besoins des populations qu’à se développer selon une logique propre ». Nicole QUESTIAUX, ministre de la Solidarité Nationale, note  « d’orientations principales sur le travail social-1982 »

Considérant que nous devons décider de rompre avec les logiques d’instrumentalisation des associations, avec les logiques de mises en concurrence sur la base d’appels d’offre et de financement au projet qui n’assurent pas une action pérenne, et aussi avec les pratiques de professionnels et d’élus associatifs, qui s’en accommodent voire les servent au nom d’une gouvernance qualifiée de moderne.

NOUS APPELONS A DEBATTRE POUR SANS CESSE ESSAYER DE COMPRENDRE ET DE CONSTRUIRE

Parce que, pour terminer cet appel comme nous l’avons commencé avec PMF, « La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée tant qu’il reste des progrès à accomplir »

 

Mobilisation créée par JFM
30/3/2015

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